MiniReview: "Les Nuits fauves" de Cyril Collard

Carlos López (Samy) et l'auteur du roman Cyril Collard (Jean) dans le film inspiré du roman.

 Qu’est-ce que c’est?

Un roman par l’écrivain français Cyril Collard, publié en 1989.

 

Le sujet?

C’est un drôle de roman. Bon, je vais essayer de le décrire.

Le narrateur (qui peut être Cyril Collard lui-même) est un jeune homme bisexuel nommé Jean, agée de 29 ou 30 ans, qui travaille comme opérateur pour des films, émissions de télé, et vidéos. Il mène une vie sexuelle hyperactive, ce que le roman décrit en détail. En gros, la trame narrative est plutôt relachée, mais l’intrigue centrale concerne une jeune femme, Laura, 18 ans au début de l’histoire, qui tombe follement amoureuse du narrateur. Elle a de la difficulté à accepter la bisexualité de Jean, et le fait qu’il a des rapports sexuels avec de nombreux mecs en même temps qu’il se couche avec elle, parmi lesquels est Samy, dont Jean s'entiche même si Samy insiste qu'il est hétéro et malgré le fait qu'il entretien des relations avec des personnes très douteuses.

 

C’est beaucoup!

Il y en a plus! Jean est séropositif.

 

Quoi?

Oui, et il se peut qu’il a infecté Laura quand ils faisaient l’amour sans condom.

 

Il est con, ce mec!

Effectivement, ce n’est pas une personne sans fautes. C’est un ange-démon. Parfois, il est vachement méchant, il se tient à sa liberté à tout prix, et en même temps on se délecte à la lecture de ses aventures, qu’il relate d’une manière simple, factuelle, sans prétention, avec une certaine distance et un sens de l’humour. Ça se ressemble à un journal intime mais un journal ou l’écrivain révèle peu de ses émotions, de sa vie intérieure. C’est plutôt une histoire rocombolesque, tandis que le narrateur essaie de gérer toutes ses relations sexuelles en évitant de s’impliquer trop dedans.

 

Mais j’aimerais revenir à sa séropositivé. C’est le cœur du roman ?

Non, c’est cela qui fait de ce roman quelque chose d’exceptionnel. Collard parle peu de son état d’âme, de ses pensées en ce qui concerne son avenir. Mais le simple fait qu’il est infecté du VIH et on est dans les années 80 nous dit que son pronostic n’est pas bon. Mais c’est comme si le personnage principal est déterminé à vivre sa vie colorée aussi longtemps que possible. Sa séropositivité est résolument dans l’arrière-plan.

 

Étoiles?

Deux. J’ai adoré ce roman. Il est très spécial. Une histoire farfelue, remplie de sexe avec des hommes et des femmes, de voyages en Afrique et au Portugal, de gangs de fachos, de violence, de crime. Tendresse, passion, humour, belles observations de la vie parisienne, parfois un brin d’amour (le narrateur préfère éviter trop d’implication émotionnelle avec ses partenaires). Certainement, je n'ai jamais lu un livre qui traite du VIH et du SIDA avec tellement de légèreté, ce qui fait en sorte que les moments de faiblesse, de peur, de vulnerabilité fâce à la mort sont encore plus émotifs. Il y a quelque chose de hypnotique dans la manière de Collard d’écrire dans un style au premier regard aussi simple mais, à la fin, éminemment littéraire. Une tragédie que Collard nous a quitté en 1993 sans avoir écrit un autre roman. 

Write a comment

Comments: 0