MiniReview: "Les Faux-monnayeurs" par André Gide

Ces vieilles couvertures des Livres de Poche, elles sont belles !

 

 

 

 

 

Qu’est-ce que c’est?

 Un roman d’André Gide, publié en 1925.

  

C’est quoi l’histoire de ce roman?

 C’est pas mal compliqué, mais elle concerne un cercle de personnes connectées par des liens familiaux et amicaux qui habitent à Paris, en particulier dans le monde littéraire. Il y a toute une gamme de personnages, de tous les âges, dont les histoires s’enchevêtrent. Au centre, on trouve Édouard, un jeune romancier en train d’écrire une œuvre qui s’appelle Les Faux-monnayeurs. Donc, une espèce de mise en abyme qui permet une enquête sur le roman en tant que tel. Comment un romancier peut-il écrire une histoire vraisemblable quand la vérité elle-même est tellement difficile à distinguer dans un monde de faux-monnayeurs?

  

Bon, parlons maintenant des vraies affaires ! On sait qu’André Gide était homosexuel, mais est-ce que ce roman parle de ça? Pas évident en 1925 !

 C’est drôle, parce qu’il n’y a quasiment rien qui indique sans équivoque que certains personnages dans le roman sont gais ; on pourrait croire qu’ils sont juste gentils, tendres, encourageants envers les beaux adolescents qui l’entourent. Mais je crois que, même si je ne savais pas qu’André Gide était homosexuel, je le devinerais en lisant ce roman. Les scènes entre hommes qui s’attirent mutuellement mais qui s’évertuent à cacher leurs sentiments, les jeunes gars hypersensibles, l’aristocrate qui profite de son pouvoir dans le monde littéraire pour attirer de beaux jeunes assistants, la rivalité entre hommes gais : il faut une personne queer pour écrire aussi honnêtement de tout cela.

  

Tu dirais, alors, qu’il s’agit d’un véritable roman gai ?

Oui, si on peut envisager un roman gai sans sexe ! Pour moi, le thème central du roman, la façon dans laquelle chaque personne construit sa vie, et la difficulté de trouver une seule indéniable vérité, est on ne peut plus queer. La notion de jouer un rôle, la vie en tant que mascarade, ça aussi, c’est tout à fait gai. Ainsi que l’idée qu’il y a certaines personnes qui ne peuvent jamais arriver à composer avec la vie, qui ne sont pas permis à vivre leur vérité. Donc, je dirais que c’est un roman hyper-gai qui se déroule sur un plan philosophique et même religieux plutôt que sexuel. Chaque épisode de ce roman porte l’empreinte d’une sensibilité gaie.

           Il faut mentionner que les idées de Gide par rapport à l’homosexualité nous posent quelques problèmes de nos jours. Pour lui, le bon homosexuel est l’adulte qui entre en relation avec les jeunes (adolescents) pour les encourager, les dorloter, les aider, les protéger. C’est ce qu’Édouard fait avec Olivier à la fin du roman. Aujourd’hui, ça se revêt d’une allure plutôt louche (sinon criminelle, selon l’âge du jeune).

  

Étoiles?

Deux! C’est un roman éminemment intelligent, un chef-d’œuvre de la littérature française, un roman qui a inspiré et influencé d’autres écrivains homosexuels, dont Auden. De plus, Gide examine plusieurs enjeux auxquels presque tous les hommes gais s’affrontent (la honte, le harcèlement, la difficulté de vivre avec intégrité). Mais ce sont des enjeux de nature métaphysique et spirituelle. Ne t’attend pas à des scènes d’amour entre hommes dans ce roman de 1925 ; elles se déroulent hors-scène. On peut prendre notre plaisir en les imaginant !

 

Allons-y !  

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