MiniReview: "Les Feluettes" par Michel Marc Bouchard

 

Faut qu'on s'en va

 

au-delà des images,

 

les gars. 

 

Les Feluettes, c’est encore une fois le texte d’une pièce de théâtre québé-coise des années 1980, non?

Oui, après avoir récemment lu Being at Home with Claude, j’ai décidé de lire ce texte de Michel Marc Bouchard, quasi contemporain. La pièce fût créée en 1987. Plus tard, il y avait une adaptation (en anglais) pour le cinéma, et ensuite un opéra. Je n’ai pas vu ces deux derniers, j’ai juste lu le texte.

 

Ah, lire un texte de théâtre, c’est toujours un grand plaisir ! Et il t’a plu, John?

Je l’ai détesté.

 

Euh …

Bizarrement, exactement comme Being at Home with Claude, cette pièce fait un lien entre l’amour et le meurtre. Mais, contrairement à la pièce de Dubois, qui suggère que tuer quelqu’un parce que tu l’aimes n’est pas tout à fait cor-rect, Les Feluettes est une véritable célébration de deux jeunes hommes qui s’aimaient tellement qu’ils ont décidé de mourir ensemble. En plus, un des deux amants tue sa mère, il l’aime tellement … C’est malsain.

 

Tu es tout énérvé, John. Juste calme-toi, et raconte-moi l’histoire.

D’accord. L’action se passe principalement en 1912, à Roberval, et c’est une histoire d’amour entre deux jeunes hommes, étudiants, l’un, Simon, qui est renommé pour sa beauté physique, l’autre, Vallier, qui est français, romantique, irréaliste. Leur amour est compliqué par le fait que les rapports homosexuels étaient tout à fait inacceptables dans cette société-là. Dans leur entourage, un autre jeune homme, Bilodeau, destiné à devenir prêtre, est détérminé à détruire leur amitié.

 

Ça semble vachement intéressant !

Le dramaturge est talentueux, aucun doute, et dôté d’une imagination vive. En fait, je pensais que j’allais adorer ce texte-là, qui commence avec une scène où un jeune prêtre (homosexuel refoulé) fait la mise en scène d’un spectacle qui représente la mort de Saint Sébastien, mettant en lumière Simon et Vallier. Ça aurait pu fournir la matière pour une pièce entière, mais par la suite on divague dans toutes sortes de situations plus ou moins ridicules. À ce point-là, j’étais simplement déçu. Mais j’ai commencé à vraiment détester la pièce quand j’ai vu survenir ce thème de la célébration de l’amour qui se termine forcément avec le meurtre de l’être aimé. Désolé, ça me dépasse. Les dernières paroles de la pièce sont les suivantes : « Je te déteste au point de te laisser vivre. » C’est une philosophie détestable.

 

Il se peut que la pièce se joue mieux sur scène ?

Sans doute, avec les costumes et tout l’appareil d’une grande production théâtrale. On vit à une époque où l’image est roi, et Les Feluettes accorde ample opportunité pour mettre en scène de très beaux jeunes hommes qui s’aiment. Et franchement, après un certain point, tout le plaisir que j’ai eu en lisant le texte de Les Feluettes consistait en regardant les belles photos de la première production de la pièce. Et c’est sûr que la scène du martyre de Saint Sébastien aurait été agréable à l’œil. Mais il faut pénétrer au-delà des appar-ences, mon vieux, et les idées derrière ce texte-là sont extrêmement troublantes.

 

Donc, une grosse déception, Les Feluettes ?

Immense. On a assez de problèmes, la communauté queer, sans s’entre-tuer pour l’amour. Seigneur, aide-nous à éviter des pièces comme celle-ci !

 

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